Un outil d’intelligence artificielle peut détecter les deux tiers des lésions cérébrales liées à l’épilepsie que les médecins manquent souvent, selon les chercheurs britanniques qui l’ont développé, ouvrant la voie à des interventions chirurgicales plus ciblées pour arrêter les crises.
Une personne sur cinq atteinte d’épilepsie – soit un total de 30 000 personnes au Royaume-Uni – souffre de crises incontrôlées causées par des anomalies cérébrales trop subtiles pour être détectées par l’œil humain sur les scanners.
Les experts en épilepsie infantile affirment que l’outil d’IA a un « potentiel énorme » et ouvre des perspectives de traitement.
Cependant, d’autres études sur les bénéfices à long terme pour les patients sont nécessaires avant qu’il puisse être homologué et utilisé dans les cliniques.
Les anomalies cérébrales appelées dysplasies corticales focales sont une cause fréquente d’épilepsie, notamment lorsque les médicaments ne parviennent pas à contrôler les crises.
Les crises affectent les personnes de différentes manières – les symptômes incluent des secousses et des tremblements, une raideur et une perte de conscience – et peuvent entraîner des visites régulières aux services des urgences.
Enlever une petite partie du cerveau peut être un moyen sûr et efficace de les arrêter – mais si les radiologues ne peuvent pas voir les minuscules lésions sur les scans cérébraux, le diagnostic, le traitement et la chirurgie peuvent être retardés.
Pour cette étude, publiée dans JAMA Neurology, les chercheurs du King’s College de Londres et de l’University College de Londres ont alimenté leur outil avec des scans d’imagerie par résonance magnétique (IRM) provenant de plus de 1 185 adultes et enfants dans 23 hôpitaux à travers le monde, dont 703 présentaient des anomalies cérébrales.
L’outil, MELD Graph, a pu traiter les images plus rapidement qu’un médecin ne le pourrait – et avec plus de détails – ce qui pourrait signifier un traitement plus rapide et moins de tests et procédures coûteux, a déclaré le chercheur principal, le Dr Konrad Wagstyl.
L’IA nécessiterait toutefois une supervision humaine, et de nombreuses anomalies étaient encore manquées.
« C’est comme trouver un caractère sur cinq pages de texte entièrement noir », a déclaré le Dr Wagstyl.
« L’IA peut détecter environ deux tiers de ce que les médecins manquent – mais un tiers reste encore très difficile à trouver. »
Dans un hôpital en Italie, l’outil a identifié une lésion subtile qui avait échappé aux radiologues, chez un garçon de 12 ans qui avait essayé neuf médicaments différents mais continuait à avoir des crises tous les jours.
La co-auteure de l’étude et consultante en épilepsie infantile, la Professeure Helen Cross, a déclaré que cela avait le potentiel « d’identifier rapidement les anomalies pouvant être supprimées et de potentiellement guérir l’épilepsie ».
L’épilepsie incontrôlée était « incapacitante », a-t-elle dit.
De nombreux enfants qu’elle voit en tant que consultante à l’hôpital Great Ormond Street ont eu des années de crises et d’examens avant qu’une lésion ne soit découverte.
L’association caritative Epilepsy Action a déclaré que le potentiel du nouvel outil d’IA était « vraiment excitant » et pourrait permettre un diagnostic plus rapide, mais qu’il ne résolvait pas le problème du manque d’infirmières spécialisées en épilepsie en Angleterre.
« Il est encore tôt et, comme toujours, nous devons avancer avec prudence », a déclaré Ley Sander de l’Epilepsy Society, ajoutant que si l’outil pouvait identifier davantage de personnes comme candidates à la chirurgie cérébrale, cela pourrait « changer la vie de beaucoup plus de personnes atteintes d’épilepsie ».
Les chercheurs espèrent obtenir une approbation officielle pour utiliser MELD Graph comme outil de diagnostic, mais d’autres essais sont nécessaires au préalable pour étudier les bénéfices à long terme pour les patients dont les lésions cérébrales sont détectées.
Entre-temps, l’équipe de recherche a mis l’outil à disposition en open source, afin qu’il puisse être utilisé pour la recherche clinique par des hôpitaux du monde entier.
« Vraiment difficile »
