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Haïti : le nombre d’enfants sévèrement malnutris pourrait doubler cette année, selon l’UNICEF

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Selon l’agence onusienne, plus de 86.000 enfants haïtiens de moins de cinq ans souffriront cette année de malnutrition aiguë sévère, contre 41.000 l’année dernière. « Et ces enfants pourraient mourir s’ils n’obtenaient pas une aide d’urgence », a alerté la Directrice régionale de l’UNICEF pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Jean Gough, au terme d’une visite d’une semaine sur l’île caraïbéenne.

La malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans a augmenté de 61% au cours de la dernière année en Haïti. En 2021, environ 217.000 enfants haïtiens pourraient souffrir de malnutrition aiguë contre 134.000 enfants au cours de la même période l’année dernière, selon les estimations de l’aperçu des besoins humanitaires (HNO).

Au cours des trois premiers mois de l’année seulement, le nombre d’admissions d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère dans les établissements de santé en Haïti, a « considérablement augmenté de 26% » par rapport à l’année dernière.

Un Haïtien sur quatre confronté à une insécurité alimentaire aiguë

« Dans les hôpitaux, j’ai été attristée de voir autant d’enfants souffrant de malnutrition. Certains ne s’en remettront que s’ils reçoivent un traitement à temps », a ajouté Mme Gough.

Or sur le terrain, les organismes humanitaires font état d’une pénurie d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi dans les semaines à venir. « La malnutrition aiguë sévère peut et doit être traitée dès maintenant pour sauver la vie d’enfants en Haïti », a souligné Jean Gough.

De plus, un Haïtien sur quatre est actuellement confronté à une insécurité alimentaire aiguë. De mars à juin 2021, environ 4,4 millions de personnes seraient en situation d’insécurité alimentaire dans le pays, dont 1,9 million d’enfants, selon les estimations du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC).

Comme pour compliquer une situation humanitaire déjà fragile, la prochaine saison des ouragans risque d’aggraver l’accès aux aliments nutritifs dans les mois à venir.

« Nous ne pouvons pas détourner le regard et ignorer l’une des crises humanitaires les moins financées de la région », a insisté la Directrice régionale de l’UNICEF. Sans financement supplémentaire et urgent dans les prochaines semaines, le traitement vital proposé par l’ONU contre la malnutrition sera interrompu. « Et certains enfants risquent de mourir », a mis en garde Mme Gough.

L’UNICEF a besoin de près de 49 millions de dollars

En 2020, l’UNICEF, en collaboration avec le gouvernement et ses partenaires, a traité plus de 33.000 enfants souffrant de malnutrition aiguë en Haïti, en fournissant des intrants nutritionnels et des médicaments. Mais dès ce mois de juin, l’agence onusienne sera à court d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi pour le traitement de la malnutrition aiguë, en raison d’un financement insuffisant.

L’UNICEF a un besoin urgent de 3 millions de dollars pour acheter des intrants et des médicaments essentiels et mener des activités de prévention et de traitement. Sans ces fonds, des milliers d’enfants haïtiens ne recevront plus cette assistance vitale.

Au total, l’UNICEF a besoin de près de 49 millions de dollars pour répondre aux besoins humanitaires de 1,5 million de personnes en Haïti, dont plus de 700.000 enfants, qui ont été considérablement exacerbés par la pandémie de Covid-19. Jusqu’à présent, cet appel humanitaire est resté presque complètement sous-financé.

Une forte baisse des taux de vaccination des enfants

Plus généralement, l’UNICEF estime que la vie des enfants en Haïti est de plus en plus menacée par l’effet combiné de la pandémie, la montée de la violence, le manque d’accès aux services de nutrition préventifs et à l’eau potable, l’environnement insalubre, ainsi que les conditions météorologiques extrêmes exacerbées par le changement climatique telles que les ouragans. « Dans un environnement aussi précaire qu’Haïti, la vie de chaque enfant que nous sauvons aujourd’hui, peut être à nouveau en danger demain », a fait valoir Jean Gough.

En période de Covid-19, la perturbation des services de santé et la peur des parents ont conduit à une forte baisse des taux de vaccination des enfants l’année dernière, allant de 28% pour certains antigènes vaccinaux à 44% pour d’autres. Selon UNICEF, 9,7% des enfants d’Haïti n’ont reçu aucune vaccination et 58% ne sont pas complètement vaccinés.

Parmi ceux qui ne sont pas complètement vaccinés, 42% vivent principalement dans des zones métropolitaines pauvres, où l’accès aux services essentiels pour les enfants est insuffisant, et qui sont les plus touchées par la violence. Cette baisse de la vaccination des enfants a entraîné une augmentation du nombre de cas de diphtérie et un risque plus élevé d’épidémie de rougeole cette année. « Les enfants non vaccinés sont également plus vulnérables à souffrir et à mourir de malnutrition », conclut l’UNICEF.

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