14.8 C
Genève

République centrafricaine : la moitié de la population menacée par une crise de sécurité alimentaire extrême

Published:

Selon la FAO et le PAM, près de la moitié de la population (47%) de la RCA souffre d’une hausse brutale de l’insécurité alimentaire aiguë, alors que le pays se prépare à une nouvelle période de soudure difficile.

Plus de 2,2 millions de personnes, dont la plupart vivent dans des zones rurales, risquent de se retrouver en situation d’insécurité alimentaire aiguë (Phase 3 ou plus de l’IPC) entre avril et août et une aide d’urgence est nécessaire pour éviter que des gens meurent et que des moyens d’existence soient perdus, indique l’analyse menée selon le dernier Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC).

Plus de 1,6 million de personnes (un tiers de la population) sont en situation de crise (Phase 3 de l’IPC), ce qui signifie qu’elles risquent de devoir sauter des repas ou vendre le peu qu’elles possèdent pour acheter de la nourriture. De plus, plus de 630.000 personnes (un dixième de la population) sont en situation d’urgence (Phase 4 de l’IPC), ce qui signifie qu’elles risquent de devoir vendre le dernier animal qu’elles possèdent ou la dernière source de subsistance dont elles disposent, de retirer leurs enfants de l’école ou de recourir à la mendicité.

« Le peuple de la République centrafricaine endure depuis dix ans un violent conflit et l’insécurité alimentaire augmente depuis quelques années. Les perspectives concernant l’insécurité alimentaire n’ont toutefois jamais été aussi sombres. », a déclaré Perpetua Katepa-Kalala, Représentante de la FAO en RCA. « À cause de la Covid-19, les frontières et les marchés sont fermés ou restreints, ce qui empêche la circulation des aliments et tire leurs prix vers le haut. La saison de soudure va bientôt s’installer et les pluies vont rendre les chemins de terre du pays impraticables »..

Il va devenir encore plus difficile d’acheminer la nourriture, les semences agricoles et d’autres denrées essentielles. Il est vital d’agir vite – Perpetua Katepa-Kalala, Représentante de la FAO en RCA

En République centrafricaine, la saison de soudure (mai-août) correspond à la principale saison de végétation des cultures, une période juste avant les premières récoltes et où le grain de la récolte précédente est épuisé.

« Nous devons briser le cercle vicieux du conflit et de la faim en République centrafricaine », a déclaré Aline Rumonge, Directrice adjointe du PAM en RCA. « Nous n’avions jamais vu auparavant tant de personnes poussées si brutalement aux limites de la survie. Plus d’un demi-million de personnes sont au bord de la famine. Nous devons agir maintenant et de toute urgence pour sauver des vies avant qu’il ne soit trop tard ».

Une crise oubliée que l’on ne peut plus feindre d’ignorer

L’insécurité alimentaire aiguë a augmenté sous l’effet d’un regain de violence en décembre, en marge des élections présidentielle et législatives. Les combats intenses qui ont éclaté se sont propagés dans tout le pays. Les principaux couloirs de transport ont été coupés et les routes vitales pour l’approvisionnement dans les zones enclavées sont devenus impraticables, poussant des milliers de personnes à quitter leur foyer.

Cette nouvelle flambée de violence intervient dans le contexte d’un conflit qui dure depuis près de dix ans et dont les effets sur les conditions de vie et les moyens d’existence ont contraint plus de 740.000 personnes à se déplacer.

De plus, la production alimentaire locale a été faible l’année dernière. Cette situation a été exacerbée par la pandémie de Covid-19, qui a fait monter en flèche les prix des denrées alimentaires. Le prix du manioc, par exemple, a grimpé de 60% de novembre 2020 à janvier 2021. La pandémie a également limité les déplacements des personnes et les échanges et les familles ont dû lutter pour conserver leurs emplois et leurs revenus.

Nous devons briser le cercle vicieux du conflit et de la faim en République centrafricaine – Aline Rumonge, Directrice adjointe du PAM en RCA

En outre, les liaisons entre Bouar et Garoua Boulai, près de la frontière camerounaise, ont été bloquées par des groupes armés à la fin de l’année dernière, ce qui a perturbé pendant des mois l’approvisionnement en produits vitaux et les services humanitaires.

La FAO et le PAM craignent que cette insécurité continue d’empêcher l’aide de parvenir à ceux qui sont dans le besoin et demandent de pouvoir accéder sans entrave aux populations dont la survie dépend cruellement de l’assistance humanitaire.

Afin d’apporter une aide vitale à 970.000 personnes vulnérables en 2021, la FAO a besoin de 31, 5 millions de dollars. Le PAM, quant à elle, demande 54,9 millions de dollars d’ici à septembre 2021 afin de continuer à apporter une assistance alimentaire et nutritionnelle vitale à près d’un million de personnes touchées par la crise dans le pays.

https://news.un.org/fr/story/2021/05/1096452


Articles récents

spot_imgspot_imgspot_imgspot_img

Sélection de la rédaction

spot_imgspot_imgspot_imgspot_img