« Non seulement ce problème a entraîné la disparition malheureuse de dirigeantes dévouées et passionnées, mais il continue de saper les droits des femmes à participer librement et équitablement à la société », a affirmé Abdullah Shahid en ouvrant les discussions.
L’événement a réuni des vice-présidents, des ministres et des hauts fonctionnaires de plus de 20 États membres de l’ONU, dont certains ont parlé de leur expérience personnelle des obstacles à la candidature d’une femme.
Réduire les femmes au silence et les écarter de l’espace public
La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed, a affirmé que la violence contre les femmes en politique est une violation des droits humains qui vise à saper la gouvernance.
« L’objectif de certains groupes est de réduire les femmes au silence et de les priver de leur autonomie », a-t-elle déclaré par message vidéo.
La numéro deux de l’ONU a noté que des actions concrètes sont nécessaires pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles. Les propositions de plans nationaux font partie du rapport du Secrétaire général intitulé ‘Notre programme commun’, qui a récemment fait l’objet de cinq consultations thématiques à l’Assemblée générale.
Pour sa part, la cheffe d’ONU Femmes, Sima Sami Bahous, a déclaré que « la violence réduit les femmes au silence, les rend invisibles, les écarte de l’espace public », ce qui entrave directement les progrès du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui vise à sortir les gens de la pauvreté et à créer un monde plus égalitaire et durable.
Mme Bahous a pointé du doigt les discours de haine comme l’un des moteurs pour discréditer les femmes dans la sphère publique, soulignant que cette violence est particulièrement difficile pour les jeunes femmes qui se détournent de la politique.
« Ce n’est que lorsque les femmes seront à l’abri de la violence et qu’il y aura des comptes à rendre que nous pourrons progresser », a ajouté la cheffe d’ONU Femmes.
La participation des femmes à la vie politique a augmenté, mais la violence aussi
« En tant qu’ancien parlementaire et responsable politique de longue date, la violence contre les femmes en politique est une question qui me tient à cœur », a partagé M. Shahid.
Les femmes occupent aujourd’hui 26,1% des sièges parlementaires dans le monde, contre 13,1% en 2000, selon l’Union interparlementaire. La part des femmes présidentes de parlement a également augmenté, passant de 8,3% en 2005 à 24,7% en 2021.
Cependant, si la participation des femmes à la vie politique a augmenté, la violence à leur égard a également augmenté, a regretté M. Shahid, précisant que cela est dû au fait que davantage de femmes parlent de ce fléau, ainsi qu’à l’insuffisance des contre-mesures pour lutter contre la violence.
Une violence physique, psychologique et sexuelle
La violence à l’égard des femmes en politique est une violence sexiste qui se manifeste physiquement, psychologiquement et sexuellement, tant en personne qu’en ligne.
Les cibles les plus visibles de la violence contre les femmes en politique sont les femmes parlementaires, ainsi que les défenseures des droits humains, le personnel électoral et les amis et familles des candidates et des fonctionnaires.
Ces actes de violence contre les femmes en politique constituent une violation des droits humains et des libertés fondamentales, notamment l’obligation de veiller à ce que les femmes puissent participer pleinement et librement aux processus politiques, comme le prévoient plusieurs textes internationaux relatifs aux droits de l’homme, dont la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW).
Les contre-mesures pourraient inclure la réalisation de la parité hommes-femmes, l’intensification des campagnes de sensibilisation du public et la responsabilisation des auteurs de violences, a fait valoir la Rapporteure spéciale sur la violence à l’égard des femmes.
Reem Alsalem a également évoqué la nécessité de collecter des données pour évaluer le niveau de violence sexiste à l’égard des femmes et des filles.
L’évènement visait notamment à identifier les obstacles structurels et normatifs existants, ainsi que les nouvelles possibilités d’éliminer cette violence afin de garantir la participation pleine, égale et significative des femmes à la vie politique.